Au total en 5 ans, 2 846 visas ont été délivrés à des familles d’Afghans soit 7% du nombre de protégés en France. Ne serait que pour les 3 500 dossiers en attente à Islamabad, il faudrait, au rythme actuel, 1 000 jours pour toutes les enregistrer et leur délivrer ou non un visa, ce qui est assez loin du délai de deux mois, normalement applicable.
Concernant la répartition par poste consulaire, si Islamabad est resté le premier pour la délivrance en 2021 mais il est clair que celui de Téhéran a pris le relai puisqu’il a enregistré davantage de demandes qu’il a été nettement plus rapide (même si les délais pour convoquer les personnes tendent à s’allonger à plusieurs mois ces derniers jours). Les postes en Inde n’ont connu qu’un nombre marginal de demandes. La possibilité de solliciter dans les autres postes (comme ceux de la Turquie, de l’Ouzbekistan ou le Liban) est pour l’instant marginale.
La Cimade qui aux cotés d’autres organisations est intervenue volontairement à l’appui de la requête, va indiquer que les mesures prises sont insuffisantes pour permettre le plein respect des droits des personnes bénéficiaires de la protection internationale et de leur famille.
👉 Faut-il un passeport pour demander un visa ?
En général, pour solliciter un visa, il est demandé un passeport. Cependant, un décret prévoit la possibilité de délivrer un laissez-passer à certaines catégories d’étrangers et d’étrangères (dont les réfugié·e·s et leur famille) privé·e·s de passeport.
Personnes demandant asile en France
👉 Dublin
Plus de la moitié des 19 000 personnes afghanes demandant l’asile en France est dublinée, Les préfets considèrent qu’elles relèvent d’un autre Etat européen qui pour certaines a déjà rejeté leur demande et peut les expulser quand cela sera possible, y compris vers des pays qui envisagent de les reprendre rapidement. Des personnes afghanes sont donc placées en rétention pour être transférées selon le règlement Dublin.
Le règlement Dublin prévoit pourtant la possibilité pour un Etat de se déclarer responsable de l’examen de la demande en dépit de ses critères, notamment pour des raisons humanitaires (clause dite discrétionnaire)
👉 Conditions matérielles d’accueil
Parce qu’elles ont été considérées en fuite à un moment de la procédure Dublin, ou parce qu’elles sollicitent le réexamen de leur demande, un nombre important de personnes afghanes demandant asile s’est vu retiré ou refusé les conditions matérielles d’accueil (hébergement et ADA). Ce retrait perdure quand bien même leur demande a été requalifiée et qu’elles ont finalement accédé à la procédure OFPRA et CNDA. Elles vivent dans des conditions de dénuement extrême pendant les longs mois d’instruction de leur demande d’asile.
Une demande de rétablissement peut être formulée pour lui demander de le faire. La réponse est en général négative sauf particulière vulnérabilité qui est de nouveau évaluée de façon expéditive.
Examen des demandes d’asile par l’OFPRA et la CNDA
Avant la crise, 6 000 dossiers étaient en cours d’instruction à l’office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et 2 000 à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Les demandes d’asile des personnes évacuées ont été examinée dans un délai de deux mois et presque l’ensemble a donné lieu à une reconnaissance du statut de réfugié.
Depuis 5 ans, la plupart des décisions accordant une protection aux personnes Afghanes étaient des protections subsidiaires fondées sur l’existence d’une violence aveugle liée au conflit interne d’une intensité exceptionnelle (Jurisprudence dite « Kaboul »). Une décision de la Cour nationale du droit d’asile de novembre 2020 en a réduit la portée.
Depuis la prise de pouvoir par les Talibans, l’OFPRA indique qu’il va examiner les demandes d’abord selon des critères de la convention de Genève, en particulier pour les minorités et pour les craintes liées au genre. Si les personnes ne sont pas reconnues réfugiées, la demande est examinée selon les critères de la protection subsidiaire (menaces de peine de mort, de traitements inhumains et dégradants).
7 500 demandes afghanes étaient en cours d’examen à l’OFPRA à la fin de l’année 2021 sur 49 000 au total.
La CNDA a annoncé qu’elle considérait que la guerre civile était close et qu’elle privilégiera l’examen des craintes selon la convention de Genève. L’octroi d’une protection subsidiaire en raison d’une violence aveugle liée ou non à la guerre civile serait liée à des motifs personnels. En 2021, la CNDA a reconnu le statut de réfugié à 958 personnes et octroyé 2 037 protections subsidiaires soit 67% des décisions.
👉 La demande d’asile a été rejetée par l’OFPRA et la CNDA. Que faire?
Une demande de réexamen peut être formulée auprès de l’OFPRA, en se rendant préalablement à la préfecture pour être enregistrée. Cette demande est examinée d’office en procédure accélérée. L’OFPRA examine sa recevabilité à savoir si un fait nouveau permet d’augmenter significativement les chances d’obtenir une protection. Si c’est le cas, il convoque de nouveau à un entretien personnel. La nouvelle situation en Afghanistan est indiscutablement un fait de ce type et l’OFPRA considère recevables les demandes de réexamen.
Eloignement et Rétention
Parce qu’elles font l’objet d’une décision de transfert ou qu’elles ont été déboutées de leur demande d’asile avant la crise, des personnes afghanes sont actuellement placées en rétention pour un renvoi vers un autre état européen voire vers l’Afghanistan. Elles sont libérées rapidement par le juge des libertés et de la détention en l’absence de perspective d’éloignement.
Le ministère de l’intérieur a indiqué qu’il avait suspendu les expulsions vers l’Afghanistan depuis le 6 juillet mais les personnes afghanes peuvent toujours se voir notifier de telles décisions notamment lorsque leur demande d’asile a été rejetée par l’OFPRA ou la CNDA et être placées en rétention.
Soutien psychologique
La situation en Afghanistan créé une grande anxiété pour les personnes présentes en France. Plusieurs associations ont mis en place un soutien psychologique à destination des Afghan·e·s et les personnes peuvent également se tourner vers les centres médico-psychologiques pour adultes.
Pour aller plus loin
La réunification familiale, un enjeu majeur pour le respect du droit d’asile : l’exemple afghan